On m’a demandé de vous relater notre aventure au Burkina Faso dans le cadre du voyage organisé par l’asbl Belgique Koudougou Coopération, créée suite à l’impulsion d’élèves qui voulaient « faire quelque chose pour eux… » et représentée au sein de notre école par Mme Biesmans, M. Van den Abbeel et M. Mélotte.  Et bien je ne le ferai pas !  Je n’ai pas envie de simplement relater, mais de vous faire ressentir !  Je voudrais vous faire voyager au-delà des stéréotypes, là où se rencontrent l'espoir et le désespoir.

C'est avec l'estomac noué que je me mets en route pour le Burkina Faso.  Je ne sais toujours pas si c'est le froid piquant de décembre qui me donne une sensation de brûlure, ou la peur de l’inconnu qui me paralyse… mais je partais à la découverte de l'inconnu! Je n'avais jamais pris l'avion, je n'avais jamais voyagé aussi loin, et j'étais comme toutes ces personnes qui ne connaissent le monde qu'à travers l'œil magique de la télévision!  Je n'attendais qu'une seule chose depuis toutes ces années, enfin voir de mes propres yeux, les vraies couleurs de ces terres assoiffées, dont la poussière rouge vous enveloppe, comme en guise de bienvenue.

Nous avons tout au long du séjour qui suivit exploré divers endroits allant du misérable dispensaire démuni, désespéré mais dynamique, à la brousse pliant sous une sécheresse trop sévère et une nature bien peu généreuse avec les Hommes.  C'est d'ailleurs ce moment de vie au contact des villageois que j'ai préféré.   Nous fûmes dispersés dans des familles par petits groupes de deux. Alicia et moi sommes allées vivre avec Larissa, cette fille qui fait la fierté du village, car étant la seule à pouvoir faire des études grâce aux sacrifices de ses parents…  Dans ce village de Nédialpoun je tentai d’entrer en communion, d'être une burkinabé, d'apprendre et de m'enrichir humainement, d'accepter tout simplement le savoir d'autrui qui à défaut d'être différent n'en est pas moins riche. Je fus surnommée en mossi “la brousse”, car tout comme elle, selon les villageois, les plus belles choses se trouvent à l’intérieur et ne peuvent se voir que si l'on prend le temps de la connaître.  C’était flatteur mais peut-être riait-on simplement de ma coiffure… !

Je pourrais vous raconter tellement d’anecdotes…  De notre voyage à la réserve de Boromo et de ma déception de ne pas avoir réussi à voir d’éléphant, des écoles avec 70 élèves par classe, où un silence religieux régnait ou encore des projets de micro crédits.  C’est dans ceux-ci que l’a.s.b.l. investit l’argent des opérations « roses de l’amitié » ces dernières années.  Et ici l'avenir me semble très prometteur car en permettant à des personnes de construire des projets d’avenir et d'enfin trouver leur indépendance quel plus beau cadeau pourrions-nous leur offrir ?

Aujourd'hui je ne suis plus la même, je sais que malgré cette misère, il y a cet espoir qui leur permet de se lever tous les jours et de sourire à la vie.  Alors à tous ceux qui liront cet article, je demanderai de ne pas ressentir de la pitié!!  La pitié ne fait que renforcer l'idée que l’on se fait selon laquelle nous leurs sommes supérieurs.  Dorénavant, ouvrons-nous à la compassion, à la solidarité, au partage, à l'amitié, à l'humilité et à la gratitude, . . .   Rendons-nous compte de notre chance, et agissons afin d'être des acteurs dans la construction d'un monde futur basé sur le respect, la solidarité et la justice.